Évaluer les stocks de bois et estimer les volumes potentiels réalisables

La production de bois est très souvent l’enjeu économique numéro un en forêt.  Pour évaluer le potentiel d’une forêt vis-à-vis de cet enjeu, il est fréquent d’avoir recours à un indicateur agrégé, le Volume Potentiellement Réalisable ou VPR. Cet indicateur quantifie, pour une forêt, le volume qu’il est potentiellement possible de récolter sur une période et pour une surface donnée. L’unité associée est la plupart du temps le m3 par hectare et par an (m3/ha/an). Il est généralement calculé à partir des données d’accroissement fournies par l’inventaire forestier national, de la qualité et de la fertilité de la station forestière ainsi que des données concernant la volonté de capitaliser ou décapitaliser les peuplements. En particulier, le VPR tient compte de l’intention du propriétaire de couper ou non ses peuplements dans un avenir proche. Pour ces différentes raisons, le VPR peut varier d’un peuplement à l’autre, même au sein du même massif forestier. En comparant ces VPR au cours du temps, il est possible d’estimer la dynamique de l’enjeu de production de produits ligneux.

Pessière-sapinière, Forêt Domaniale de Haute-Meurthe (Photo: Sylvain Caurla)

Dans AFFORBALL, le choix a été fait de ne réaliser le diagnostic que sur les forêts publiques relevant du régime forestier. En effet, l’accès aux données des forêts privées est difficile et susceptible d’être incomplet. Dans les forêts relevant du régime forestier, les aménagements forestiers constituent un document officiel qui prévoit, entre autres, le volume qui sera récolté pendant une période donnée (15-20 ans).  Les aménagements forestiers ont pour avantage d’être structurés sensiblement de la même manière sur toutes les forêts à l’échelle du PNRBV, ce qui facilite la récolte et l’harmonisation des données. En effet, le territoire regroupe 5 agences territoriales ONF, et un certain nombre d’informations restent toujours présentes au cours du temps dans les aménagements. Ainsi quelle que soit la date de rédaction de l’aménagement en vigueur, un choix judicieux des variables recueillies permet d’avoir une base de données complète et relativement homogène. Il faut noter que les bilans réalisés peuvent dater de 20 ans pour les aménagements les plus anciens, et que les forêts ont sûrement subi de nombreuses évolutions depuis. Par ailleurs, l’aménagement forestier donne aussi des prévisions, mais les réalisations peuvent être différentes notamment en cas d’évènements exceptionnels (tempêtes, problèmes sanitaires…).

Résultat cartographié: le volume potentiel réalisable dans les forêts publiques du PNRBV (source: mémoire de stage de Tristan Perret).

Les utilisations potentielles de cet indicateur sont nombreuses. Tout d’abord, le VPR permet de connaître la ressource mobilisable sur l’ensemble du territoire ou des portions du territoire. Cette connaissance de la ressource disponible est particulièrement importante pour les industries existantes et, a fortiori, dans une optique de mise en place de nouvelles industries sur ou à proximité du territoire. D’autre part, la comparaison des VPR entre deux périodes d’aménagement permet de mieux comprendre la dynamique de production de bois en forêt publique. Une VPR qui augmente peut s’expliquer par une volonté d’intensification des récoltes ou par des conditions de croissance plus favorables. A l’inverse, une VPR qui diminue peut s’expliquer par une forêt déjà largement exploitée et/ou par des conditions de croissance ou de mortalité défavorables.

Comparaison des VPR par département (source: mémoire de stage T. Perret).
Évolution des VPR entre les deux aménagements les plus récents (source: mémoire de stage T. Perret).